Les écologistes ont créé la surprise à l’issue du scrutin des européennes qui les place comme troisième force politique du pays. L’opinion publique est-elle en train de se convertir à l’idée d’une nécessaire inflexion de notre modèle de développement pour être en mesure de faire face aux formidables enjeux environnementaux que nous avons à relever ? Nos enquêtes montrent, au cours des années récentes, une nette poussée des préoccupations à l’égard des questions environnementales, ainsi que des déclarations faisant état d’une adaptation des comportements de consommation. Mais au-delà du déclaratif, quelle est la réalité de cette conversion à une consommation plus responsable ? Nos enquêtes – encore elles – nous montrent que le passage à l’acte à grande échelle suppose que la dimension environnementale (qui ne touche chacun d’entre nous que de manière indirecte et différée) se combine avec des enjeux personnels, qu’ils relèvent de la santé ou du pouvoir d’achat. Ainsi, l’essor spectaculaire du bio ou la chasse aux pesticides et aux additifs « douteux » sont-ils indissociables de l’attention portée à sa santé. Les comportements relatifs à l’isolation du logement ou l’aspiration à l’autonomie énergétique qu’expriment 73 % des Français ont comme principal ressort la perspective de réaliser des économies. Notre enquête sur les « gilets jaunes » a montré le peu de poids que les questions écologiques pèsent dans les revendications comparativement à l’appétit de pouvoir d’achat. Une transition écologique menée au train qui s’impose à nous exigera des adaptations plus profondes de nos comportements de consommation et de nos modes de vie, parfois sans contreparties positives sur le plan de la santé ou du portefeuille. Les Français – ou tout au moins une part significative d’entre eux – y sont-ils prêts ? L’ObSoCo contribuera en 2019 à éclairer cette question capitale. Au travers de l’Observatoire des perspectives utopiques (soutenu par l’Ademe, BPI France et la chaire Leclerc-ESCP), nous allons nous attacher à mesurer le degré d’adhésion des Français à trois grands systèmes utopiques, dont la « décroissance » qui dépeint une société organisée pour la protection de la planète, autour de modes de vie sobres. Au travers de l’Observatoire de l’économie circulaire (soutenu par Citeo, DS Smith et Intermarché), nous allons mesurer l’engagement factuel des Français dans la diversité des gestes du quotidien qui contribuent à une consommation responsable. Alors, rendez-vous cet automne pour découvrir les résultats de ces enquêtes et décider si, sur le plan des imaginaires comme sur celui des comportements, le vote de dimanche annonce ou non un véritable tournant.