Parmi une très large diversité de résultats, cinq grands enseignements :
#1 – Si les Français ont une représentation globalement positive du concept de sobriété (seuls 15% associent au terme une connotation négative), ils ne sont qu’une minorité à se sentir eux-mêmes directement concernés par le sujet. Alors que 83% estiment que « aujourd’hui, en France, les gens consomment trop », interrogés sur leur propre situation, à peine plus d’un quart des Français interrogés (28%) estiment que c’est leur cas. 82% considèrent d’ailleurs avoir un mode de vie d’ores et déjà sobre.
#2 – De fait, la remise en cause de ses propres pratiques reste largement minoritaire au sein de la population. Seuls 14% des automobilistes considèrent par exemple qu’ils ont tendance à utiliser trop souvent leur voiture (19% parmi ceux qui l’utilisent quotidiennement). A peine 3% des personnes qui ont recours au transport aérien dans le cadre de leurs vacances estiment qu’elles prennent trop souvent l’avion (9% parmi les personnes l’ayant pris 3 fois ou plus au cours des 12 derniers mois). 7% des Français considèrent qu’ils changent de téléphone portable trop fréquemment. Tout juste13% jugent leur consommation de vêtements excessive. Moins de 15% disent qu’ils ont tendance à manger trop de viande…Plusieurs pistes d’interprétation peuvent être avancées pour expliquer le décalage entre la perception des comportements à l’échelle collective et celle qui relève du niveau individuel. Notamment le sentiment largement répandu que les Français ne peuvent pas être, à leur échelle, les seuls acteurs de la transition écologique. Ainsi, 77% des Français considèrent que les citoyens font leur part de l’effort de sobriété. Un taux qui tombe à moins de 50% s’agissent de l’Etat ou des grandes entreprises, pourtant très attendus sur le sujet.
#3 – Les nouvelles générations, souvent décrites comme les plus concernées par les questions écologiques affichent toutefois un rapport particulièrement ambigu aux questions de sobriété. Certes plus enclins à réviser leur mode de vie et légèrement plus favorables à la mise en place de mesures collectives visant à réduire l’impact des modes de vie sur l’environnement, les moins de 25 ans sont pourtant aussi ceux qui consomment le plus de viande, prennent le plus fréquemment l’avion, consomment le plus de vêtements, sont les plus prompts à acheter de manière impulsive « des produits dont ils ne se serviront finalement jamais ». Cela étant, loin d’être véritablement homogènes comme on le laisse souvent à penser, ces nouvelles générations se montrent au contraire plus clivées que le reste de la population sur les questions de sobriété. Surreprésentés par exemple à la fois parmi les personnes qui choisissent d’éviter l’avion pour des raisons environnementales et parmi celles qui assument leur choix d’y recourir fréquemment pour se rendre sur leurs lieux de vacances.
#4 – Ce faisant, les Français se montrent globalement enclins à l’idée de renforcer leurs efforts en matière de sobriété : tout faire pour conserver leur smartphone au minimum 4 ans (84% disent être prêts à le faire); réduire, voire couper le chauffage la nuit ou quand leur logement est inoccupé (81%); réduire leur consommation de vêtements (69%)…Mais si ces résultats semblent traduire une dynamique positive, on note tout de même une réticence marquée vis-à-vis d’un certain nombre d’évolutions – dont celles qui pèsent le plus de poids dans la balance environnementale : l’usage de la voiture, la consommation de viande et le recours au transport aérien. Les ménages disposant d’au moins 2 véhicules ne sont que 46% à envisager de n’en posséder plus qu’une. L’idée de ne plus en posséder du tout est sans surprise encore moins bien reçue (rejetée dans 89% des cas). Une majorité des Français qui mangent de la viande plus de deux fois par semaine (61%) refuseraient d’en limiter leur consommation à deux fois par semaine. L’idée de ne plus en manger du tout est rejetée par 78% des Français. De la même manière, seule une personne sur deux (51%) qui a actuellement recours au transport aérien accepterait d’en limiter son usage à une fois par an, et moins d’une sur trois (31%) envisagent de complètement l’abandonner.
#5 – Et pour conclure sur les motivations qui président aux pratiques de sobriété, on notera que les Français qui les adoptent le font rarement prioritairement pour l’environnement. Ce sont avant tout des motivations économiques qui président à l’engagement dans les différentes pratiques étudiées dans l’enquête. Quant à ceux qui ne s’y engagent pas, ils invoquent avant tout le manque d’alternatives.