Des chiffres qui confirment les données de marché : les réseaux spécialisés ont de fait renoué avec la croissance : au 1er semestre 2024, les ventes en valeur ont progressé de 8,4% au sein des magasins spécialisés bio (alors même que leur périmètre s’est réduit) et les ventes directes des exploitations agricoles ont enregistré une hausse de 3% de leur chiffre d’affaires. Dans le même temps toutefois, le recul du bio au sein des GMS s’est poursuivi, la baisse du chiffre d’affaires alimentaire bio étant estimée à 5 % au premier semestre 2024. Une baisse à toutefois mettre en lien avec une baisse de 20% des volumes de produits biologiques commercialisés par la grande distribution généraliste depuis 2020.
Le baromètre révèle d’autres signes encourageants pour le bio : 72% des consommateurs de produits bio envisagent de maintenir leur niveau de consommation dans les mois à venir, quand 12% pensent l’augmenter (et 8% le restreindre, soit un solde d’évolution de +4 points). Le ralentissement de l’inflation a en outre permis de desserrer la contrainte budgétaire des ménages : si 39% des Français disent se restreindre sur leurs dépenses alimentaires, ce taux est en baisse de 5 points par rapport à l’année précédente. Enfin, dans un contexte où plus de 6 Français sur 10 (63%) se disent inquiets des impacts de l’alimentation sur leur santé, le bio dispose d’atouts majeurs : ses bénéfices pour la santé sont largement mis en avant par les consommateurs (par 74% des Français) de même que ses qualités environnementales (pour 8 Français sur 10 l’agriculture biologique contribue à préserver l’environnement, la qualité des sols et les ressources en eau).
Mais si la santé occupe toujours une place importante dans les esprits, après deux années de forte inflation sur les prix des produits alimentaires les Français tendent à prioriser le plaisir et la convivialité dans leur rapport à l’alimentation. Dimensions qui ne sont pour l’heure pas l’apanage du bio. En outre, le bio continue de souffrir de doutes persistants de la part d’un consommateur sur 2. Des doutes sur l’authenticité du bio « industriel » présent notamment dans les grandes surfaces, qui tournerait le dos au bio « artisanal » des débuts. Mais aussi une méconnaissance des garanties européennes du label ou des doutes sur la production et notamment la contamination des cultures bio par la proximité de champs non bio.
Ces doutes s’accompagnent de surcroît de perceptions parfois erronées du bio. Ainsi, plus de la moitié (53%) des Français pensent que la plupart des produits biologiques vendus en France ne sont pas produits en France (alors que 70% du bio consommé dans l’Hexagone est produit en France). Une croyance d’autant plus problématique que près des trois quarts (73%) pensent que les produits bio étrangers sont moins bien contrôlés que les produits français (dont ¼ en sont persuadés).
Dans un contexte où de très nombreux Français ressentent une forme de lassitude face aux informations et où la multiplication des labels alimentaires accroit cette fatigue informationnelle, déjouer les doutes sur les produits bio peut cependant s’avérer complexe. D’autant que 47% des non-consommateurs de bio indiquent ne pas voir l’intérêt de consommer bio et 23% des consommateurs occasionnels ne pensent tout simplement pas au bio au moment de faire leurs courses.
On le voit : le principal challenge aujourd’hui et alors que la pression se desserre et l’horizon s’éclaircit est bel et bien sans doute avant tout de redonner envie !