4 nuances de blanc

Deuxième puissance mondiale du tourisme hivernal (après les Etats-Unis) avec plus de 50 millions de journées-skieur, la France voit son or blanc fondre au soleil du réchauffement climatique.

Une étude menée par L’ObSoCo pour le Lab « Changeons d’Ere by CDA » révèle la mosaïque complexe des territoires alpins face à cette transformation inéluctable. Un enjeu majeur pour ce massif des Alpes qui concentre en moyenne plus de 86 % des journées-skieurs réalisées par les stations de ski françaises, dont 62 % pour les seuls départements savoyards. 

Les Alpes en quatre nuances de vulnérabilité

L’analyse de cinquante indicateurs socio-économiques dessine quatre profils distincts de stations, chacun confronté à ses propres défis :

1. Les pôles touristiques fragilisés (21%) : Vieillissants et économiquement précaires, ces territoires sont les premiers sur la liste d’extinction du tourisme hivernal traditionnel. Population âgée, revenus modestes et dépendance quasi-totale au tourisme les placent en première ligne face au recul de l’enneigement.

2. Les stations à dynamique résidentielle (23%) : Ces cousines périurbaines ont déjà amorcé leur mutation. Attractives pour les habitants permanents, elles affichent une diversification économique qui les immunise partiellement contre la fonte des neiges. Leur croissance démographique positive témoigne d’une reconversion réussie au-delà du simple tourisme saisonnier.

3. Les centralités touristiques majeures (37%) : Fleurons de l’économie alpine, ces mastodontes du tourisme hivernal dominent par leurs infrastructures imposantes et leur capacité d’hébergement. Leur spécialisation extrême est à la fois leur force et leur talon d’Achille. Le défi : maintenir leur attractivité tout en gérant les tensions immobilières et la précarité saisonnière qui fragilisent leur tissu social.

4. Les stations frontalières attractives (19%) : À l’ombre de la prospérité suisse, ces territoires développent une identité hybride. Population jeune, emplois transfrontaliers et revenus élevés les distinguent du reste du massif. Moins dépendantes de l’or blanc, elles naviguent cependant entre fortes inégalités et tensions immobilières.

Au-delà de la poudreuse : repenser la montagne de demain


Cette nouvelle géographie des Alpes révèle que la vulnérabilité au changement climatique n’est pas qu’une question d’altitude. Elle dépend aussi de la diversité économique, du dynamisme démographique et de la capacité d’adaptation de chaque territoire.


Pour les décideurs locaux, l’équation est complexe : comment concilier préservation de l’attractivité touristique, développement résidentiel et adaptation écologique ? La réponse variera nécessairement selon les quatre profils identifiés, certains devant réinventer complètement leur modèle quand d’autres pourront s’appuyer sur des dynamiques économiques déjà diversifiées.


La montagne française ne sera plus un monolithe blanc, mais une mosaïque de territoires aux stratégies différenciées face à l’inexorable transformation du tourisme hivernal.