Jouons cartes sur table

Passion véritable ou simple passe-temps ? Les Français entretiennent une relation privilégiée avec les jeux de société. Mais derrière cette apparente unanimité se cache une réalité bien plus contrastée.

Un tiers de joueurs réguliers

Monopoly, Belote, Scrabble… Ces noms résonnent comme des rituels familiaux ancrés dans notre culture. Et pour cause : trois Français sur quatre s’adonnent aux jeux de société, dont 38% au moins une fois par mois. 16% des Français en font un véritable rendez-vous hebdomadaire, transformant ainsi cette activité ludique en rituel social.
Si l’attrait pour le jeu s’estompe généralement avec l’âge, la présence d’enfants puis de petits-enfants semble raviver la flamme ludique : un pic d’activité se dessine ainsi chez les 25-44 ans, dont un quart joue au moins une fois par semaine. Les plus de 65 ans résistent admirablement, avec un quart d’entre eux maintenant une pratique mensuelle. Les non-joueurs se retrouvent principalement parmi les populations peu diplômées ou confrontées à d’importantes contraintes financières.

Les grands classiques pour la convivialité

Les Français naviguent en moyenne entre trois catégories de jeux différentes. Sans grande surprise, les jeux qui rassemblent le plus large public sont aussi les plus intemporels. Plus de la moitié des joueurs (55%) ont ainsi manié les billets du Monopoly durant l’année écoulée, tandis que 43% ont battu les cartes traditionnelles (Belote, Tarot) et 34% se sont confrontés aux défis linguistiques du Scrabble.
Cette popularité s’explique avant tout par les motivations profondes des joueurs : la convivialité domine largement (63%), suivie par la recherche de détente (48%) et le simple désir de passer le temps (36%). La soif de victoire (15%), l’évasion (11%) ou la curiosité pour de nouvelles mécaniques de jeu (8%) apparaissent comme des motivations secondaires, mais néanmoins significatives.

De nouveaux horizons ludiques

Parallèlement aux classiques, une nouvelle génération de jeux trace progressivement son sillon dans les foyers français. Les jeux à identité cachée comme le Loup-Garou séduisent déjà 16% des joueurs. Les jeux de stratégie modernes comme 7 Wonders, bien qu’encore émergents avec près de 10% d’adeptes, connaissent une croissance prometteuse. Même constat pour les jeux de cartes à collectionner (7%) et les jeux de rôle sur table (6%) qui représentent des marchés dynamiques et en développement constant.

Une cartographie sociale du jeu en France

Notre enquête dévoile d’importantes disparités démographiques et même idéologiques dans les pratiques ludiques des Français.
La fracture générationnelle saute aux yeux : les plus jeunes privilégient les jeux de connaissances comme le Trivial Pursuit, les jeux d’ambiance et d’enquêtes. La tranche des 25-34 ans se distingue par un attrait marqué pour les jeux de stratégie et de rôle. À l’inverse, les jeux de cartes et de mots séduisent davantage les aînés. Ces préférences reflètent des attentes fondamentalement différentes : quand les seniors recherchent détente et passe-temps, la jeune génération privilégie l’évasion, la compétition et les sensations fortes.
Le genre façonne également les comportements ludiques. Les hommes s’orientent vers les jeux structurés autour de logiques d’affrontement : cartes, pions, stratégie et identités cachées. Les femmes manifestent une préférence pour les jeux de mots. Cette dichotomie se retrouve dans les motivations : convivialité et partage dominent côté féminin, tandis que les hommes valorisent davantage stratégie, coopération… et victoire !
Plus surprenant encore, l’étude révèle une corrélation entre sensibilité politique et pratiques ludiques. Les personnes positionnées à droite affichent un attachement plus marqué aux jeux traditionnels de plateau ou de cartes. À l’inverse, celles situées à gauche se tournent davantage vers les jeux d’ambiance, de stratégie ou coopératifs. Même constat pour les motivations : les joueurs en quête de convivialité sont surreprésentés parmi les sympathisants de droite, tandis que ceux d’extrême-droite se distinguent par leur priorité accordée à la victoire.

La victoire à tout prix ?

Si l’envie de gagner ne représente l’une des principales motivations que pour 15% des joueurs, les trois quarts d’entre eux admettent adorer la victoire. Plus révélateur encore, 40% confessent une véritable aversion pour la défaite. Résultat : près d’un joueur sur cinq (18%) s’assume comme mauvais perdant.
Et attention à vos prochaines parties en famille ou entre amis : un joueur sur six pourrait bien fausser le jeu pour l’emporter. Ce phénomène touche particulièrement les jeunes générations : plus d’un quart (27%) des 18-24 ans admettent sans détour qu’il leur arrive de tricher pour gagner.

Une confession qui invite à rester vigilant lors de votre prochaine soirée jeux !

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Source :

L’ObSoCo, 2025