Si le bien-être financier progresse globalement en France cette année (+2 points par rapport à 2023), les femmes restent significativement en retrait. 34% d’entre elles déclarent un fort bien-être financier pour 41% des hommes.
Cette disparité s’explique par des inégalités économiques objectives : 24% des femmes disposent d’un revenu mensuel inférieur à 1000€, quand c’est le cas de seulement 16% des hommes, et elles sont plus souvent en situation monoparentale (10% vs 3%). 30% des femmes disent d’ailleurs s’imposer de fortes restrictions sur leurs dépenses essentielles pour 20% des hommes.
Mais la question dépasse le simple niveau de vie. L’étude révèle que les écarts de confiance persistent même à revenus comparables. Les femmes sont ainsi systématiquement de 15 à 20 points de moins à déclarer leur aisance vis-à-vis de la gestion financière, des conversations sur ces sujets ou encore la connaissance des produits financiers.
Et pourtant, quand on observe les comportements concrets, il semble qu’il y ait un paradoxe : 46% des femmes disent connaître précisément leurs dépenses mensuelles (vs 44% des hommes) et 49% suivent régulièrement leur budget (vs 48% des hommes). Elles démontrent donc des compétences financières équivalentes, voire supérieures, tout en sous-estimant systématiquement leurs capacités.
Ce qui émerge est donc un double phénomène : d’une part, des inégalités économiques réelles qui pénalisent objectivement les femmes, d’autre part, un déficit de confiance qui persiste même quand les conditions matérielles s’améliorent.
Le baromètre révèle finalement une charge mentale financière exacerbée chez les femmes. Non seulement elles éprouvent plus de difficultés à aborder ces questions avec leur entourage – 54% se sentent à l’aise pour parler d’argent avec leurs amis (vs 59% des hommes) et 64% pour évoquer leurs revenus (vs 69% des hommes) – mais l’argent occupe aussi davantage leur quotidien. 20% d’entre elles y pensent tous les jours (vs 17% des hommes) avec un niveau d’anxiété bien plus élevé : 27% se déclarent stressées par ces pensées financières, pour seulement 16% des hommes.
Un cercle vicieux s’installe ainsi où, malgré des compétences de gestion avérées, les femmes restent prisonnières d’un rapport à l’argent marqué par l’inconfort social et l’inquiétude, amplifiés par des ressources souvent plus limitées.