De quoi la sobriété est-elle le nom ?

L’ADEME publiait la semaine dernière les premiers résultats de son nouveau baromètre « Sobriétés et modes de vie », réalisé avec le concours de L’ObSoCo.

Si la notion de sobriété a fait son entrée dans le débat public avec la guerre en Ukraine et les craintes de pénuries d’énergie, elle ne saurait se limiter à la sobriété énergétique.

En 2021, l’ADEME en donnait cette définition : « Dans un contexte où les ressources naturelles sont limitées, la sobriété consiste à nous questionner sur nos besoins et à les satisfaire en limitant leurs impacts sur l’environnement. Elle doit nous conduire à faire évoluer nos modes de production et de consommation et plus globalement nos modes de vie, à l’échelle individuelle et collective ». Cela, en tenant bien évidemment compte de la nécessité de ne pas confondre sobriété et pauvreté, souvent opposés dans les termes de sobriété « choisie » et sobriété « subie ».

Mais quelles sont les représentations des Français à l’égard de la sobriété ?

Interrogés sur les mots et expressions qui leur viennent à l’esprit à l’évocation du terme, c’est d’abord l’idée de « simplicité », d’ « une vie simple » qui émerge (222 occurrences des termes simple / simplicité parmi les 4000 répondants interrogés). La notion « d’économies » arrive en deuxième position (212 occurrences), fréquemment associée à l’idée de la réduction du « gaspillage », à celle de « responsabilité », voire à celle de « restrictions » mais également souvent intégrée à l’idée « d’économies d’énergie ». L’énergie est par ailleurs le troisième terme le plus fréquemment évoqué par les répondants (194 occurrences) pour définir leur représentation de la sobriété.

Point notable : l’environnement – qui pourrait en être la justification – n’arrive « que » en 8ème position (110 occurrences). L’écologie se situe plus bas encore dans le classement, en 16ème position (avec 65 occurrences, soit près de 4 fois moins que la notion « d’économie »).

On le voit, la notion de sobriété est saisie dans une acception large par les Français – acception qui dépasse une stricte démarche écologique. Elle est aussi une question de mode de vie.

Ce faisant, 41% des Français attribuent une connotation positive à la notion de sobriété – contre 15% qui lui associent une connotation négative – et 35% y voient un terme relativement neutre quand 9% ne se prononcent pas.

Cette connotation est toutefois corrélée à l’intensité de la contrainte budgétaire ressentie par les individus. Alors que 50% des personnes qui estiment « vivre confortablement » lui attribuent une connotation positive (contre 13% pour qui la connotation est plutôt négative), cette part est pratiquement divisée par deux au sein des ménages ayant le sentiment de « ne vraiment pas s’en sortir » (27% de connotation positive et 19% de connotation négative, soit une appréciation du sujet nettement plus partagée).

Si ces catégories les plus contraintes financièrement positionnent également la notion dans le champ sémantique de la simplicité, de l’énergie, du raisonnable… viennent cependant se greffer chez elles des évocations liées à la « richesse » et à la « pauvreté » complètement absentes des termes évoqués par les catégories les plus aisées et témoignent d’une certaine défiance vis-à-vis du sujet. Pour les plus modestes, le terme « arnaque » arrive même assez haut dans les réactions spontanées, souvent articulé aux augmentations des prix et taxes dont la sobriété serait le prétexte ou au fait de faire peser les efforts sur les consommateurs.

Toutefois et au-delà des réticences, la part des Français pour qui la sobriété a une connotation neutre ou qui ne se prononcent sur le sujet (44%) doit être soulignée. Démontrant qu’il y a décidément un besoin mais aussi un potentiel à investir la notion de manière positive pour embarquer une plus large partie de la population.

Source : Baromètre Sobriétés et Modes de Vie – ADEME

Réalisé par L’ObSoCo pour l’ADEME, novembre 2023