Sans une information accessible et fiable, difficile en effet de débattre, de confronter les idées ou même de faire des choix citoyens éclairés. Dans une société où chacun peut s’exprimer, où chaque citoyen est invité à prendre part aux décisions collectives, elle permet aussi de questionner le pouvoir, demander des comptes et participer pleinement à la vie publique. En cela, l’information est un peu l’oxygène du débat démocratique. Sans elle, le risque est grand de suffoquer dans l’indifférence, la manipulation ou la soumission.
Entre télévision et désormais chaines d’informations en continu, radio, presse mais aussi réseaux sociaux, vidéos, blogs ou encore podcasts, nous n’avons jamais eu autant de sources à portée de main. Pourtant, dans notre « société de l’information », cette abondance rend paradoxalement la tâche plus complexe. Outre la profusion et la fragmentation des canaux, l’éditorialisation politique supposée ou réelle de certains médias, la gestion algorithmique de contenus par les plateformes ou encore les tentatives d’ingérences et opérations de désinformation venant de pays étrangers semblent contribuer à menacer aussi bien le débat public que la démocratie.
Dans ce contexte, et sur la base de nos recherches sur l’information, il nous a semblé intéressant d’investiguer le rapport spécifique entre affinités politiques, information et médias. Ceci, par le prisme des attitudes et habitudes des sympathisants des principaux partis politiques français. Qui s’informe comment et a confiance en quoi ? Des questions loin d’être anodines tant le rapport à l’information façonne la manière dont chacun perçoit le monde, les crises, et même l’avenir du pays. Un moyen aussi d’objectiver ce qui fait souvent débat, en s’appuyant sur des données solides.
Vous trouverez ci-dessous le lien vers les résultats de cette enquête passionnante réalisée en collaboration avec la Fondation Jean Jaurès et ARTE.
Vous y verrez :
– que l’on regarde plus la télévision à droite qu’à gauche.
– que les chaînes d’informations en continu ont des publics relativement marqués.
– qu’Internet et les réseaux sociaux sont le terrain de jeu privilégié des sympathisants LFI.
– que la radio est davantage écoutée par les sympathisants écologistes.
– que la confiance dans les médias est mitigée et qu’elle conduit un quart des Français à être perméables au complotisme, dont une proportion plus importante chez les sympathisants du RN…Une sensibilité qui semble aller de pair avec une perception plus critique du fonctionnement de la démocratie française.
Les résultats de cette étude devraient interpeller les acteurs médiatiques et politiques, tant elle révèle des différences certaines sur la façon dont l’information est consommée, perçue et utilisée selon l’orientation politique. Des différences qui ne peuvent être sans implications pour le fonctionnement de notre démocratie à l’ère numérique, et qui nécessitent réfléchir à des moyens de restaurer la confiance dans les institutions médiatiques, prendre en compte la diversité des pratiques et des attentes dans leurs stratégies mais aussi développer des formats et des contenus capables de transcender les clivages politiques et favoriser un débat public plus inclusif.
Source :
Enquête « Fatigue informationnelle, vague 2 », mai 2024
L’ObSoCo, Fondation Jean Jaurès, Arte