Comme souvent, les réalisateurs Eric Tolédano et Olivier Nakache abordent par la comédie les sujets délicats de notre société en mutations. En mélangeant en l’occurrence deux des problèmes actuels : le réchauffement climatique et la surconsommation et faisant se rencontrer les militants qui luttent contre le premier et des victimes de la seconde.
A une semaine de la date « officielle » du lancement Black Friday, si des personnages comme Henri existent dans la vraie vie, ils sont probablement en train de redoubler d’efforts face à des Français de plus en plus ambivalents vis-à-vis de la consommation, entre volonté de modération et attraction pour les promotions.
Une majorité d’entre eux dit d’ailleurs avoir adopté, sinon la formule d’Henri, en tous cas une approche réflexive de leurs achats et 60% indiquent qu’il leur est déjà arrivé de renoncer à acheter un produit après avoir jugé qu’ils n’en avaient finalement pas besoin, dont 43% « plusieurs fois » sur l’année écoulée. Une tendance plus marquée chez les jeunes adultes : 50% des 18-24 ans ont ainsi renoncé plusieurs fois à un achat, pour 35% des 65-75 ans.
Mais cette vigilance n’empêche pas de craquer pour du superflu. Un quart des Français (25%) admettent ainsi avoir déjà acheté des produits qu’ils n’ont finalement pas ou très peu utilisés. Là encore, ce phénomène touche davantage les jeunes générations : 37% des 18-24 ans sont concernés, pour seulement 18% des 65-75 ans. Un résultat qui peut sembler paradoxal et reflète peut-être une plus grande capacité des jeunes à être lucides sur leurs « échecs » en matière de consommation raisonnée… mais révèle aussi et surtout la puissance des mécanismes d’incitation à consommer malgré l’évolution des mentalités.
Mécanismes qui jouent justement à plein lors du Black Friday !
Face aux opérations promotionnelles de ce type, les comportements diffèrent toutefois : 44% des Français disent attendre ces périodes pour acheter moins cher des produits dont ils ont réellement besoin quand 12% admettent se laisser tenter par des achats qu’ils n’auraient pas faits sans ces promotions…un taux là encore plus élevé chez les jeunes (21%), à l’inverse des seniors (4%). On compte cependant dans la population 44% de réfractaires à ces opérations, dont 9% qui les évitent délibérément.
L’attitude face aux promotions révèle également des clivages socio-économiques. Les personnes aux revenus les plus modestes sont 54% à attendre ces périodes pour leurs achats nécessaires, pour 41% des plus aisés. Un écart qui peut donc souligner aussi l’importance et l’intérêt de ces opérations commerciales, devenues pour certains ménages un moyen de préserver leur pouvoir d’achat.
Alors le black Friday : aubaine pour consommer malin ou symbole d’une société qui peine à se défaire de ses réflexes consuméristes ? Cette dualité reflète en tous cas très bien les tensions qui traversent notre société : entre aspirations à une consommation plus responsable et contraintes économiques, entre désir de sobriété et attraction pour la nouveauté.
Les Henri ont de beaux jours devant eux !