La fatigue alimentaire nous gagne…

On vous en parlait la semaine dernière dans ce Coup d’œil : malgré des inquiétudes toujours fortes à l’égard des effets de l’alimentation sur leur santé, les Français se montrent moins attentifs à la composition des produits alimentaires qu’ils achètent et leurs habitudes alimentaires liées à la santé reculent…

La transition alimentaire engagée il y a quelques années semble donc marquer le pas, notamment chez ceux soumis à d’importantes contraintes financières. Comme s’ils n’avaient plus les moyens de leur inquiétude après deux années de forte inflation sur les produits alimentaires (+20% en 2 ans).

Mais un autre phénomène semble également à l’œuvre dans la prise de distance d’une partie de la population à l’égard de la transition alimentaire : une forme de « fatigue alimentaire ».

Une fatigue à l’égard de l’information tout d’abord. Les résultats du 21ème Baromètre de la perception et de la consommation des produits alimentaires biologiques réalisé par L’ObSoCo pour l’Agence Bio le montrent : si la plupart des (toujours plus nombreux) labels testés dans l’enquête sont assez largement connus des Français (Nutriscore, AB et Label Rouge en tête), la part de ceux qui s’y disent attentifs au moment de leurs achats est en recul. Trop de repères tue les repères ? Ces résultats semblent en tous cas exprimer une confusion, si ce n’est une lassitude des Français sous l’effet de la multiplication des messages et recommandations.

Dans ce contexte, le Baromètre pointe d’ailleurs le recul de la connaissance de ce qui différencie le bio : 41% des Français s’estiment suffisamment informés de l’impact sur la santé de l’agriculture biologique (en baisse de 4 points par rapport à 2022) et seuls 39% de son impact environnemental (-4 points également). Un recul également de la connaissance des normes auxquelles sont soumis les produits bio : une majorité (53%) de Français indique ainsi ne pas connaître la façon dont les produits bio sont contrôlés ou la réglementation en agriculture biologique (les produits concernés, l’encadrement des pratiques, les différences avec les réglementations à l’international, etc.).

La fatigue alimentaire s’illustre aussi dans le recul des habitudes en matière de cuisine : si 72% des Français disent aimer prendre le temps de préparer des repas, ce taux est en baisse de 5 points par rapport à l’année dernière. A l’inverse, 34% des Français indiquent que faire la cuisine est pour eux une corvée (en hausse de 4 points). Des résultats à mettre en relation avec les 62% de Français qui disent privilégier l’aspect pratique / gain de temps pour leurs achats de produits alimentaires. Une demande de davantage de fonctionnalité donc, qui pénalise le bio, essentiellement associé dans les représentations à des produits bruts, qu’il faut vouloir / pouvoir / savoir cuisiner.

D’ailleurs et s’agissant du bio, s’il baisse dans la consommation à domicile, il ne semble pourtant pas disqualifié puisque les attentes sont importantes (et en hausse) en matière de repas bio en restauration collective et commerciale : 76% des Français aimeraient voir se développer les repas bio à l’école, 71% dans les hôpitaux et maisons de retraite, 71% au restaurant, 69% dans les cantines d’entreprises. 

Car en parallèle, plus de 4 Français sur 10 estiment insuffisante l’offre de plats bio dans l’offre de restauration (sur place ou à emporter/livrer), dans les rayons traiteur frais des magasins alimentaires ou encore en restauration d’entreprise. C’est le cas également de 47% des clients des formats de proximité de la grande distribution et de 51% de ceux des enseignes de hard-discount, qui estiment trop restreinte l’offre de produits bio dans ces magasins.

Une façon, donc, de renvoyer au collectif les enjeux de la transition alimentaire.

Source :

21ème Baromètre des produits biologiques en France – 2024

Réalisé par L’ObSoCo pour l’Agence Bio