La vie politique devient la préoccupation n°1 des Français : un basculement historique

L’ObSoCo et le CEVIPOF (Sciences Po) lancent « Priorités françaises », le premier baromètre trimestriel public conçu pour mesurer la hiérarchie réelle et spontanée des préoccupations des Français à travers une méthodologie de questionnement ouvert.

Ce dispositif renoue avec la méthodologie du « Most Important Problem » (MIP), éprouvée internationalement et poursuit le suivi initié par le « baromètre des priorités politiques » du CEVIPOF (2014-2020). Cette approche permet de capter la voix citoyenne dans sa spontanéité, sans liste prédéfinie ni suggestion ou cadrage. L’ObSoCo et le CEVIPOF reprennent cette méthodologie et vont, chaque trimestre, interroger 2000 personnes, les archives du CEVIPOF offrant au dispositif une profondeur historique précieuse.
 
Un phénomène inédit : la vie politique au sommet des préoccupations
Pour la première fois dans l’histoire récente des enquêtes d’opinion en France, la vie politique apparaît comme la préoccupation principale des Français, citée spontanément par 30% des répondants. Dans la vague 1 de l’enquête (réalisée du 17 au 29 septembre 2025 auprès de 2 000 personnes représentatives de la population française métropolitaine âgée de 18 ans et plus) cette thématique devance ainsi l’inflation et le pouvoir d’achat (thème cité par 27% des enquêtés), la justice et criminalité (24%), le budget et la dette nationale (21%) et l’immigration (20%). 

L’étude met au jour une crise de légitimité qui opère simultanément à trois niveaux :
1.    Délégitimation personnelle du chef de l’État, avec une violence symbolique exceptionnelle 
2.    Rejet de classe politique : perception de l’ensemble des acteurs politiques comme une élite déconnectée et prédatrice
3.    Remise en cause institutionnelle : questionnement de l’architecture et/ou du fonctionnement des institutions voire de la Ve République
 
15 ans de recomposition profonde de l’agenda citoyen
Pour ce lancement, le baromètre « Priorités françaises » propose également une analyse comparative inédite sur trois points de mesure : octobre 2015, septembre 2020 et septembre 2025. Ces trois dates, toutes situées trois ans après une élection présidentielle, permettent d’observer les transformations structurelles de l’opinion publique française sur 15 ans, au-delà des simples effets conjoncturels.

Cette perspective historique révèle une recomposition radicale de l’agenda citoyen :

•    La vie politique et l’éthique gouvernementale enregistrent, nous le disions, la progression la plus spectaculaire : de 13% en 2015 à 7% en 2020 (effacement temporaire sous l’effet de la pandémie), puis bond à 30% en 2025 – soit +17 points par rapport à 2015 et +23 points par rapport à 2020. 

•    Le chômage, préoccupation hégémonique en 2015 avec 65% des répondants, chute de 58 points pour atteindre « seulement » 7% en 2025 (après un premier décrochage à 21% en 2020)

•    L’inflation et le pouvoir d’achat connaissent une trajectoire inverse : après avoir quasi disparu en 2020 (3%), cette préoccupation bondit de 24 points pour atteindre 27% en 2025, soit 16 points de plus qu’en 2015 (11%)

•    La justice et la criminalité progressent régulièrement sur toute la période : +12 points entre 2015 (12%) et 2025 (24%), passant par 17% en 2020

•    Le budget et la dette nationale enregistrent une hausse spectaculaire de 14 points (7% en 2015, 21% en 2025), après un creux à 2% en 2020

•    L’immigration maintient un niveau élevé malgré des fluctuations importantes : 26% en 2015, 10% en 2020, 20% en 2025

•    À l’inverse, les enjeux environnementaux (climat et environnement général), bien qu’en hausse depuis 2015, ne représentent que 7% des préoccupations spontanées (mais plus d’1 jeune sur 10). Même si cela ne signifie pas que 93% des autres ne s’en préoccupent pas (les enquêtés devaient choisir le plus important), ce n’est en tous cas pas au sommet de la hiérarchie des priorités.