L’imaginaire associé à la voiture est en outre très riche, dominé par des évocations liées à la liberté et à l’autonomie. Et si la voiture est une commodité pour les deux tiers des Français, elle représente parfois bien plus : pour 35% leur investissement le plus précieux, pour 29% l’objet auquel ils tiennent le plus, pour un quart d’entre eux une véritable passion voire…leur meilleure amie !
Et pourtant… la voiture est aussi de plus en plus vécue comme une contrainte par nombre de Français.
En premier lieu une contrainte financière. Le permis de conduire est ainsi perçu comme coûteux par les trois quarts des Français qui l’ont passé et 4% des Français (soit près de 2 millions de personnes !) ont du y renoncer pour cette raison. De surcroît, 81% des Français sont d’accord avec l’affirmation selon laquelle « aujourd’hui, une partie de la population n’a plus les moyens financiers de posséder une voiture » et 83% anticipent qu’« à l’avenir, tout le monde n’aura pas les moyens financiers de posséder une voiture ».
A la contrainte financière s’ajoutent les préoccupations écologiques, qui pèsent de plus en plus dans les esprits et contribuent aussi à transformer les imaginaires. Alors que 82% des Français estiment que la situation écologique est préoccupante, 72% estiment qu’« actuellement, il n’existe pas d’alternative complète à la voiture pour se déplacer au quotidien ». 56% estiment ne pas avoir le choix et, parmi eux, on notera que c’est le cas de 86% des habitants des communes rurales.
On le voit, les Français se trouvent relativement démunis pour penser l’avenir de leurs déplacements.
Et l’horizon réglementaire ne vient pas vraiment les rassurer. 73% ne savent pas, pour l’instant, comment ils s’adapteront à l’interdiction de la vente de véhicules à moteurs thermiques neufs prévue pour 2035, 15% envisagent de se tourner vers d’autres modes de transport et seulement12% envisagent d’acquérir une voiture électrique. Il faut dire que cette dernière n’apparaît pas pour l’heure comme une alternative crédible : si le premier frein est financier (83% des Français l’estiment inaccessible), plus des deux tiers expriment également des réserves quant à ses fonctionnalités (autonomie, bornes de recharge, etc.). Sans compter l’argument environnemental qui ne convainc guère : 62% des Français estiment que l’impact environnemental de la voiture électrique est soit équivalent soit plus important que celui des voitures thermiques.
Renouveler le modèle de la voiture individuelle privative peut constituer une autre piste. Ainsi, les deux tiers des Français se montrent d’accord avec l’affirmation selon laquelle « à l’avenir, l’important sera de pouvoir utiliser une voiture plutôt que de la posséder ». Et si pour l’instant, la possession de son véhicule en plein propriété reste la formule idéale pour 73% des Français, il n’est pas négligeable de constater – surtout considérant la prégnance du modèle dominant – qu’1 Français sur 10 se disent prêts à y renoncer pour recourir à des formules de location ponctuelle, de partage ou d’emprunt.
Dans cette lignée, une majorité relative de Français se montrent relativement ouverts aux services alternatifs de mobilité. 46% adhèrent ainsi à l’affirmation selon laquelle « à l’avenir, on n’aura plus besoin de posséder sa propre voiture. Grâce au numérique, il sera possible d’accéder très facilement à une multitude de services de mobilité (location de véhicules, autopartage, VTC, covoiturage, etc.) », quand 41% se montrent moins convaincus.
D’ailleurs et si la couverture et disponibilité de ces services de mobilité reste encore émergente, donc le recours pas encore massif, il n’est pas négligeable, de même que l’intérêt que ces offres de mobilité suscitent. Ainsi, par exemple, 7% des Français indiquent qu’il existe une offre d’autopartage à proximité de chez eux, et 13% y ont déjà eu recours. Parmi les autres, 40% se disent potentiellement intéressés.
On le voit, tous les Français n’adorent pas la bagnole mais beaucoup y sont attachés et le modèle de la voiture individuelle et personnelle est très ancré dans les esprits comme dans les usages.
Pourtant celui-ci est aussi largement questionné. Pour des raisons de soutenabilité économique et/ou écologique, il paraît difficile aux Français d’envisager sa pérennité, en même temps qu’il leur est aussi difficile d’imaginer des alternatives. On mesure donc leur désarroi et leurs difficultés à se projeter dans l’avenir de ce qui se trouve au cœur de leurs modes de vie : la mobilité.
De quoi inviter les professionnels du secteur à renforcer et nourrir les représentations de ce futur tout en déployant des propositions de valeur alternatives.