Car en France en 2025, alors que 9,1 millions de personnes se situent sous le seuil de pauvreté (14,4 % de la population française), trop nombreux sont encore ceux qui vivent sans accès fluide, stable et digne aux services bancaires de base. Non pas des produits sophistiqués, mais l’essentiel : un RIB, un moyen de paiement, la capacité à percevoir ses droits, son salaire, à payer ses factures et gérer son budget.
Derrière les chiffres de l’exclusion bancaire se dessinent des profils bien réels dont on parle peu dans le débat public. On pense d’abord aux 2 millions de personnes interdites bancaires, écartées durablement du système classique pour incidents de paiement. Mais il faut aussi compter avec les personnes sans domicile, sans justificatif de résidence ou sans stabilité administrative, pour qui l’ouverture d’un compte devient un parcours d’obstacles. À cela s’ajoutent les jeunes en rupture, les travailleurs précaires, aux revenus trop irréguliers pour sécuriser leur accès aux services bancaires. Et puis il y a celles et ceux qui, bien qu’ayant un compte, peinent à l’utiliser : les femmes seules à la tête de familles, souvent confrontées à une charge mentale et financière extrême et tous ceux (tout de même 1 Français sur 10) qui se trouvent en grande difficulté face à l’écrit ou aux chiffres.
Ce que ces publics ont en commun, c’est un rapport vulnérable à la banque, fait de distance, de méfiance ou de décrochage. Et un risque réel : celui d’une forme d’exclusion sociale initiée par l’exclusion financière.
Geste anodin pour la majorité des Français, la bancarisation représente finalement une frontière qui sépare celles et ceux qui peuvent se projeter, faire des projets, accéder à un logement… et les autres.
A cet égard, le Livret A, souvent vu comme un produit d’épargne populaire est aussi un outil de dignité. La première marche vers la réinsertion économique, l’autonomie, la sécurité quand la précarité a fait vaciller. Parfois le tout premier document qui “officialise” l’existence d’une personne migrante dans l’espace social. Mais encore faut-il savoir l’utiliser. Car ce qui fait véritablement l’inclusion n’est pas tant l’accès que la capacité d’usage. Et cette capacité est inégalement répartie : on n’est pas naturellement autonome financièrement, on le devient – à condition d’être accompagné. Et pour cela il faut du lien, de la pédagogie, de l’écoute, là où le numérique et la dématérialisation gagnent pourtant du terrain. Rappelons-le aussi : en France 13 millions de personnes se trouvent éloignées du numérique.
À travers les témoignages des équipes de La Banque Postale, de ses partenaires associatifs et des acteurs de terrain, mais aussi des personnes exclues du système bancaire, ce livret présente un état des lieux de la vulnérabilité financière et bancaire en France, retrace ses causes et ses conséquences sur la cohésion sociale et illustre aussi la façon dont l’inclusion financière se traduit concrètement par des solutions au quotidien. Il rappelle surtout que l’autonomie financière est une condition pour exercer ses droits, prendre des décisions, avoir prise sur sa vie. Une condition nécessaire à la pleine participation à la vie sociale et économique.
Ultimement, une question de citoyenneté.
A lire :
« L’inclusion bancaire, au cœur de la cohésion sociale”, La Banque Postale, L’ObSoCo 2025.
Sources :
Insee, 2024. L’essentiel sur la pauvreté́
Insee Première, n° 1953
Banque de France, 2025. L’inclusion financière et l’Observatoire de l’inclusion bancaire (OIB)