On s’appelle, on s’fait une bouffe ?

La qualité́ de vie dépend d’un grand nombre de facteurs à la fois matériels et immatériels. Parmi eux, on le sait, avoir des relations fréquentes avec sa famille (en dehors des membres de son foyer) ou ses amis y contribue beaucoup. Qu’il s’agisse de se rencontrer chez les uns ou les autres, d’organiser des activités en commun ou même d’être en contact et communiquer par téléphone, SMS et évidemment, internet sous toutes ses formes (emails, messagerie instantanées …).

Ce type de socialisation fait l’objet d’un suivi de l’INSEE qui vient récemment d’en rendre compte.

Ainsi, en 2022, 76 % des Français âgés de plus de 16 ans déclarent avoir rencontré ou été en contact à distance avec des membres de leur famille au moins une fois par semaine. 63% avec leurs amis.

Quelques distinctions se font jour. Par exemple : les femmes rencontrent et communiquent plus avec leur famille que les hommes qui voient en revanche davantage leurs amis. De même les personnes au-delà de 65 ans rencontrent et communiquent plus avec leur famille que les moins de 30 ans qui privilégient aussi leur cercle amical.

Autant de distinctions qui n’évoluent que très peu.

En revanche, deux choses nous ont frappés sur la période récente.

Tout d’abord, si le niveau de sociabilité familiale et amicale reste globalement assez stable par rapport à 2015 (+1 point pour la famille, stable pour les amis), le décalage s’est franchement accentué en 7 ans entre des rencontres qui ont diminué (-7 points pour la famille, -5 points pour les amis) et des échanges à distance qui ont augmenté (+4 points pour la famille, +2 points pour les amis). Clairement, alors que sur la période 2011-2015, les (télé)communications semblaient concourir à une augmentation de la sociabilité globale (effet cumulatif), on assiste désormais plutôt à une virtualisation des rapports sociaux de proximité (effet de substitution).

Second élément à la fois surprenant et inquiétant : la sociabilité globale des plus jeunes connaît une baisse non négligeable. De fait et s’ils sont toujours 88% à fréquenter de façon hebdomadaire leur amis et 64% leur famille, c’est respectivement   4 points et 3 points de moins qu’il y a 7 ans (et plus encore si l’on compare à 2011 !). Les rencontres ont notablement reflué (- 8 points pour la famille, – 3 points pour les amis par rapport à 2015) mais et – sans doute de façon plus contrintuitive – les communications également (-3 points /- 4 points).

Effet Covid/confinements d’une socialisation qui n’aurait pas repris comme avant ?

Effet inflation contrariant les moments de convivialité que l’on sait tournés vers les sorties et la commensalité ? 

Manifestations plus structurelles de l’accélération de la numérisation des modes de vie qui, selon les usages, peut à la fois nous relier mais aussi nous isoler ?

Ou d’une société de plus en plus « parcellitaire » selon les mots du sociologue Alain Caillé ?

Ces évolutions procèdent sans doute un peu de tout cela selon les profils. Mais sont assurément à suivre et certaines d’entre elles sans doute aussi à enrayer. Particulièrement dans notre société qui a tant de difficultés se projeter.

Car comme le disait le philosophe Emmanuel Levinas pour qui le Visage de l’autre avait tant d’importance : « L’avenir, c’est l’autre. La relation avec l’avenir, c’est la relation même avec l’autre ».

Vous savez ce qu’il vous reste à faire ce week-end 😉