Trick or treat !

Halloween approche. Et aux États-Unis, les chiffres vont de nouveau donner le vertige. Car cette célébration est un phénomène économique majeur : plus de 11 milliards de dollars de dépenses, soit environ 100 dollars par foyer. Un marché qui se répartit principalement en trois tiers entre costumes, décorations et bonbons. Ce qui, au passage, représente 600 millions de kilos de bonbons pour l’occasion chaque année !

En France, si le phénomène est plus modeste, il n’en est pas moins significatif. 61% des Français participent d’une manière ou d’une autre à la fête. Une pratique particulièrement ancrée chez les jeunes (76% des 18-24 ans) et dans les familles avec enfants en bas âge (76% des foyers avec enfants de 7 ans ou moins).
Ici aussi, le secteur des confiseries est fortement mis à contribution : un foyer sur deux achète des bonbons pour l’occasion, faisant d’octobre le mois le plus lucratif du secteur avec 15% du chiffre d’affaires annuel. Résultat : plus de 110 millions d’euros de ventes, un montant qui a doublé en une décennie.
 
« Encore cette fête commerciale américaine… ! « . Certes. Le refrain est connu et reviendra certainement cette année encore. Pourtant, un regard attentif sur l’histoire de cette célébration révèle aussi des enseignements plus intéressants et nuancés.
 
D’abord parce qu’Halloween constitue moins une importation américaine qu’un « retour aux sources » par un étonnant détour transatlantique. Issue des célébrations celtes de Samhain, la fête a voyagé vers l’Amérique dans les bagages des immigrants irlandais du XIXe siècle, avant de revenir sur les rivages européens. Un parfait exemple de la façon dont les traditions circulent, se transforment, s’enrichissent ou se réactivent. Comme par exemple en Bretagne où Halloween reprend le Kalan Goañv, cette nuit des esprits qui existe depuis des siècles (les enfants ne sculptant pas des citrouilles mais des betteraves)…
 
Intéressant aussi de constater qu’Halloween s’est aussi et d’abord propagée « par le bas » à la fin des années 90, de Nantes justement… via les cours de récréation et les réseaux informels, avant d’être récupérée par les acteurs commerciaux. Une dynamique ascendante qui vient occuper un espace laissé vacant par le recul progressif des rituels traditionnels de la Toussaint. Dans une société en quête de nouveaux rituels, nouveaux moments de sociabilité, elle répond à un besoin bien réel de créer du lien social, sans doute aussi de marquer symboliquement le cycle des saisons.
 
Un besoin de lien social mais aussi de jeu, car on pourrait finalement apparenter Halloween aux jeux de rôles. Des costumes traditionnels reflétant les dimensions universelles de la vie et de la mort jusqu’à l’engouement pour les costumes de superhéros, cette fête permet d’incarner symboliquement la victoire face aux phénomènes qui nous dépassent et d’aller au-delà des frustrations quotidiennes.
 
L’implantation d’Halloween en France illustre donc un phénomène plus large : la mondialisation culturelle ne se résume pas à une simple standardisation, mais a des destins et formes hybrides originales. Des bricolages rituels qui mêlent besoins universels, influences globales et spécificités locales.

 

De quoi regarder différemment les citrouilles et les fantômes qui envahiront nos rues la semaine prochaine…

Sources : 

L’ObSoCo
NielsenIQ
National Retail Federation (NRF)
National Confectioners Association
Confiseurs de France