Une société qui se trompe de mots / maux ?

« Individualisme », « archipellisation », « fin des grands récits », « pouvoir d’achat » mais aussi « société de défiance », « désengagement » ou encore « wokisme » …Et si ces concepts devenus viraux dans le débat public pour décrire notre société nous empêchaient finalement de comprendre les véritables enjeux de notre époque et participaient des problèmes plutôt que de permettre de s’atteler aux solutions ?
C’est la thèse que développent Guénaëlle Gault (notre Directrice Générale) et le journaliste David Médioni, dans un essai tout juste paru aux éditions de l’Aube : Penser sans entraves.

L’ouvrage dissèque ces mots qui ont envahi nos conversations, des plateaux télé aux discours politiques en passant par les réseaux sociaux ou discussions de comptoirs. Ces concepts prêt-à-penser et fourre-tout qui souffrent pourtant de ne plus être définis avec précision, peinent à saisir ce qui émerge plutôt que ce qui disparaît, et dont l’usage véhicule ce faisant une vision décliniste de la société française. Des concepts qui, de surcroît, ont souvent tendance à individualiser des problèmes fondamentalement collectifs, faisant porter sur les citoyens la responsabilité de maux qui nécessiteraient des approches politiques et économiques structurelles.

Des concepts dangereux aussi parfois, tant, par leur omniprésence, ils finissent par se muer en prophéties autoréalisatrices et nourrir les frustrations et anxiétés sociales qu’ils prétendent décrire. D’autant plus quand, pour certains, ils transforment la diversité et les différences (d’opinions, de modes de vie…) en clivages irréconciliables, contribuant à nourrir un regard polarisé sur une société qui l’est pourtant bien moins que ce que l’on en dit.

Au fil des pages, la proposition de l’ouvrage est d’ »écailler » méthodiquement les certitudes. Mais aussi et surtout d’adopter un autre regard sur la société française. A l’aide de beaucoup de curiosité́, de clins d’œil à notre culture populaire mais aussi d’études et de travaux approfondis (notamment réalisés par L’ObSoCo 😉) et des apports de la recherche en sciences humaines et sociales.


Une invitation à la nuance et à la complexité…pour contribuer à sortir d’un débat public souvent verrouillé et délétère. Et se rappeler, aussi, qu’avant de pouvoir répondre aux défis de notre époque, il faut d’abord savoir les nommer correctement !

Penser sans entraves, ces concepts qui nous empêchent de réfléchir

Guénaëlle Gault, David Médioni

Editions de l’Aube – Monde En Cours – 22 novembre 2024