Le sujet de la parentalité devient – particulièrement au sein de la sphère publique et médiatique – plus que jamais polémique, surinvesti d’affects et moteur de controverses aiguës. Les récents débats opposant les défenseurs d’une éducation fondée sur les limites éducatives face aux défenseurs de la parentalité positive en sont une parfaite illustration. C’est qu’à travers les discours sur la parentalité se construisent et s’élaborent des visions antagonistes de modèles sociaux / sociétaux.
Si le terme nous semble à tous familier, le néologisme « parentalité » est pourtant très récent. Il fait son apparition dans le langage courant durant les années 80 dans un contexte marqué par le délitement de la structure familiale dite « traditionnelle » : augmentation significative des séparations / divorces, développement de la procréation médicalement assistée, remise en cause des violences éducatives et plus généralement de la place de l’enfant, du père et de la mère dans la famille. Ce contexte d’apparition du terme de parentalité n’est pas anodin. Il nous renseigne sur les sens que le terme « parentalité » charrie : mutations du rôle de parent(s), transformations de la structure moderne de la famille et les corolaires qui y sont associés (rapport à l’éducation et à l’autorité, autonomie de l’enfant, responsabilité parentale, rapport à la filiation, la famille comme cadre et écrin de la construction individuelle, etc.).
Conséquence de ces bouleversements : le sujet de la parentalité devient – particulièrement au sein de la sphère publique et médiatique – plus que jamais polémique, surinvesti d’affects et moteur de controverses aiguës. Les récents débats opposant les défenseurs d’une éducation fondée sur les limites éducatives face aux défenseurs de la parentalité positive initiés dans les tribunes du journal Le Monde en sont une parfaite illustration. C’est qu’à travers les discours sur la parentalité se construisent et s’élaborent des visions antagonistes de modèles sociaux / sociétaux.
La parentalité – que l’on pourrait considérer comme un microphénomène social – nous semble mener à une réflexion plus ample sur les transformations à l’œuvre dans nos sociétés : n’y a-t-il pas matière à penser ici la parentalité avec les mutations des structures familiales ? Ne faut-il pas voir à travers ce sujet de controverse le reflet des tensions / interrogations sociales à l’œuvre dans l ’éducation ? Plus généralement, si la parentalité questionne la définition de la famille, elle bouscule aussi les imaginaires collectifs (du parent, de l’enfant). S’interroger sur la parentalité aujourd’hui, n’est-ce pas vouloir aussi saisir la multiplicité du type de parents existants, des familles existantes ? De l’homoparent, parent adoptif, parent d’accueil, etc. ? De la famille monoparentale à de nouvelles réalités sociohistoriques comme la tri-parentalité ?
Toutes ces questions et reconfigurations des modèles familiaux ne peuvent qu’interroger les modes de vie et de consommation. Les modalités à « faire famille » ou à « être parent(s) » multipliées, il s’agit en effet aussi pour les acteurs de l’offre d’adapter leurs positionnements, produits et services afin de répondre aux attentes des nouvelles formes de famille(s) et parentalité. Cet Observatoire a pour ambition d’y aider en cartographiant les différentes formes de familles, la façon dont elles se vivent, leurs aspirations, leurs contraintes et donc leurs besoins.