Un fort désir de partage du pouvoir
Sans surprise – tant ce souhait d’une plus grande implication et prise en compte dans la vie et la prise de décision publique s’exprime enquête après enquête -, une large majorité de Français (70%) se déclare favorable à l’idée de mettre en place un système de consultation citoyenne permettant à chacun de participer directement aux prises de décision nationales.
Un désir de peser qui se traduit d’une autre manière avec 63% des personnes interrogées qui se s’accordent sur la possibilité pour la population de révoquer, « licencier » ses élus.
Pour l’une et l’autre de ces propositions, il se trouve même un quart de la population à y être « tout à fait » favorable alors que l’opposition ferme est très minoritaire.
Dans le même registre de partage du pouvoir, dans le secteur privé cette fois, on notera qu’une majorité relative s’exprime en faveur de l’autogestion dans les entreprises (48% contre 21%, 31% ne s’exprimant pas).
D’importantes attentes de justice sociale
Autres suggestions rencontrant un assentiment relativement partagé dans l’opinion : les mesures qui visent à renforcer l’équité. Qu’il s’agisse d’une réforme de l’impôt sur le revenu instaurant une progressivité plus marquée de sorte à faire davantage contribuer les hauts revenus (67% d’opinions favorables, dont 28% « tout à fait » favorables vs 18% opposés). Ou d’une préoccupation similaire au sein des entreprises avec le plafonnement des écarts de salaires dans un rapport de 1 à 20 (66% de soutien vs17%). Ce qui, là encore, confirme l’aspiration à réduire les inégalités salariales et repenser le partage de la valeur dans l’opinion.
Revenu / héritage minimums : des sujets qui divisent
Les suggestions relatives au revenu minimum font apparaître des avis plus partagés, moins tranchés mais aussi plus dubitatifs. La perspective d’augmenter significativement le SMIC en France à 2000 nets par mois recueille ainsi un avis favorable de la part d’1 Français sur 2 (plus d’un quart y est « tout à fait » favorable) mais l’opposition de plus d’un tiers. Une opinion qui se réparti peu ou prou de la même manière s’agissant de la faisabilité et la pertinence de l’idée consistant à créer un revenu minimum au niveau mondial pour décourager les délocalisations.
De même, l’instauration d’un héritage de 120 000 euros pour tous à l’âge de 25 ans, financé par la redistribution des héritages rencontre l’opposition de 38% des enquêtés pour 28% favorables mais 35% de sans opinion.
De réelles réticences à l’ouverture internationale
Ce sont les questions, certes très radicales, relatives à l’étranger / aux étrangers et à la souveraineté nationale qui rencontrent les plus vives oppositions. L’idée d’une ouverture inconditionnelle des frontières au niveau mondial, permettant à chacun de vivre où il le souhaite est rejetée par les deux tiers des Français, dont près de la moitié (44%) y sont « tout à fait » opposés. Même si 1 sur 5 y est en revanche favorable. De même, 64% se disent opposés (dont 43% « tout à fait ») au fait de régulariser tous les sans-papiers résidant en France, contre 22% qui y seraient au contraire favorables.
On le voit, ces quelques questions nous offrent un panorama riche des aspirations, des craintes et des espoirs des Français pour l’avenir. On y perçoit de larges consensus, de réelles oppositions, des avis tranchés, plus souvent nuancés…
Autant de résultats qui nous rappellent que l’avenir est ouvert, qu’il est aussi le terrain de nombreux débats que l’on ne peut que souhaiter constructifs…
Du pain sur la planche pour le nouveau Premier ministre!
Source :
L’ObSoCo, Baromètre des Intentions et du pouvoir d’achat, juin 2024