Week-end électoral : un peu de contexte pour dimanche !

En cette avant-veille des élections européennes, nous vous proposons quelques éléments à avoir en tête, empruntés à Vincent Tiberj, sociologue du politique et chercheur associé au Centre d’études européennes et de politique comparée (CNRS / Sciences po).

Sur son (excellent) compte X, Vincent Tiberj livre des données et une petite analyse éclairantes qui montrent tout à la fois la distance à l’égard du scrutin, le rejet global dont sont victimes les partis politiques mais aussi la vision anamorphosée que l’on pourrait avoir des résultats.

Ces « gagnants » et « perdants » qui défileront sur les plateaux des médias dimanche soir.

Si l’on observe les intentions de vote recueillies il y a un peu plus d’une semaine selon les classes d’âge : « seuls les plus de 70 ans comptent une large majorité d’alignés sur les partis » note le sociologue.

Selon la catégorie socio-professionnelle (CSP) : « il n’y a que parmi les retraités CSP+ que les électeurs sont majoritairement « alignés ». Même les cadres actifs comptent désormais une majorité d’abstentionnistes [potentiels] ».

De quoi, selon Vincent Tiberj, relativiser fortement les soutiens électoraux en général.

De quoi aussi conforter ce hiatus que nous soulignons étude après étude : en dépit de niveaux d’abstention importants récurrents et donc encore attendus, il existe pourtant une volonté largement partagée par les Français d’être davantage impliqués dans les prises de décision, au niveau politique mais aussi économique.

Des attentes qui s’expriment notamment par le classement du système politique actuel (« où les décisions sont prises par des professionnels de la politique élus ») en dernière position des opinions relatives au système politique idéal (18%). Avec en contrepoint et creusant de plus en plus l’écart : un système « où les décisions sont prises en ayant recours régulièrement à des référendums recueillant la volonté de la population » qui arrive en tête (avec 64% d’avis favorables).

 

Désir de participation et pourtant rejet de plus en plus manifeste de la politique institutionnelle : voilà qui ouvre aussi la possibilité aux individus de se tourner vers d’autres acteurs (associations, entreprises et marques…), champs (consommation, travail, relations affectives, territoire…) ou logiques d’actions (boy/buycott, violences, autosuffisance…) pour faire coïncider leurs modes de vie et leurs aspirations…

Sources :

L’ObSoCo, Observatoire des perspectives utopiques, 2022

Compte X de Vincent Tiberj : @VTiberj

Enquête électorale française, Élections européennes, 2024, vague 5

Réalisée pour Sciences Po Cevipof, Le Monde, La Fondation Jean Jaurès, La fondation Montaigne, par l’Institut Ipsos.